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Le site des familles Filet et apparentées;  Association "La Gens Filet"

En HAITI

1959

Il était mon professeur à Niort, il y a 50 ans . Si depuis je suis à la retraite, il est toujours enseignant mais cette fois çi, il oeuvre en Haïti .

Une ile touchée durement en ce début 2010. Si les télés nous informent sur la réalité du terrain. Voici son témoignage et aussi un appel à l' aide .

Association Aide & Partage Haïti -    46, Canal Saint-Martin  35700 RENNES
           CMB  Rennes Bourg-l’Evêque     15589-35171-0302021130040-32
  (Association enregistrée à la Préfecture – Reçu fiscal)


Port-de-Paix, le 15 janvier 2010.

        Mardi 12 janvier, légèrement avant 17h nous avons ressenti 2 fortes secousses qui n’ont fait absolument aucun dégât à Port-de-Paix.
        Comme c’était prévu, je suis parti le  mercredi 13, dès 5h , vers Port-au-Prince pour reconduire mon frère Joseph et son épouse Anick, et le Père Ballusson qui devaient reprendre leur avion pour la Guadeloupe le lendemain 14.
        Nous sommes arrivés vers 13 h à Port-au-Prince par la cité soleil et nous avons commencé à voir les dégâts, beaucoup de murs tombés et des maisons écrasés.. Nous sommes passés par La Saline et nous avons aperçu aperçu la poste  à terre (kraze net  comme on dit ici) ainsi que le ministère des affaires étrangères. Tout le long de la route nous avons vu les maisons plus ou moins détruites. Souvent des cadavres étaient placés sur les trottoirs quand ce n’était pas au rond point (ils en faisaient office parfois). C’était une désolation. La foule était dans les rues. Nous n’avons pas vu une personne pleurer.. Les gens circulaient dans le calme, ou restaient devant leur maison écroulée. Comme ils avaient passé la nuit dehors (heureusement il n’a pas plu ces jours-ci), ils étaient parfois assis dans un périmètre pouvant y inclure une partie de la rue. Certains cadavres n’étaient identifiés parce que c’étaient des passants qui ont été écrasés par la chute d’une dalle, d’un mur.
         Nous avons navigué dans la ville le jeudi pour aller à l’ambassade et organiser le voyage de nos visiteurs (tout s’est arrangé).
         Nous avons vu des établissements scolaires en quantité par terre.
Ainsi des grands collèges : Collège Canado-Haïtien (frères du Sacré Cœur), St Louis de gonzague  primaire (rue du centre) – la maison des frères serait à peu près intacte (frères de Ploermel) il y aurait des victimes,  St Louis de Gonzague (Delmas) – La maison des frères serait écrasée sans victimes (frères de Ploermel), Ste Rose de Lima (Sœur de Cluny) – Chapelle très abîmée ainsi que l’école primaire – pas de victimes -  Villa Manrèse est en très mauvais état – à reconstruire (Clercs de St Viateur) Victimes parmi les employés. – Maison provinciale des Frères de Poermel – écrasée – 2 frères décédés dont un qui est encore sous les décombres, un 3ème est blessé très gravement – les églises St Louis roi de France, Sacré-cœur – cathédrale sont très abîmées. – L’archevêque de Port-au-Prince, Mgr Serge Miot est mort sous les décombres de l’archevêché. Au séminaire : 7 séminaristes du diocèse des Cayes sont parmi les victimes, et il y en je ne combien d’autres. Certains sont encore sous les décombres, parmi eux il y avait encore des vivants hier soir. Les sœurs de la Sagesse ont perdu 6 religieuses, 3 seraient encore sous les décombres.
Cela donne une petite idée du désastre pour les communautés.
           A Thomassaint 48, à notre noviciat, seulement un petit bout de mur est tombé (sans surprise).
           Des cadavres vus hier étaient encore à la même place aujourd’hui. Les cadavres sont parfois ramassés avec une pelleteuse et jetés dans un camion. On a même vu un camion benne à ordure rempli de cadavres.
           Les gens ne veulent pas loger dans leur maison, ils dorment donc sur les place – loin des maisons – sous des tentes de fortune. Cela devient inquiétant car ces personnes n’ont pas à manger ni à boire. Il n’y a pas de latrines ....
          Vous pensez bien que l’odeur devient insupportable et les épidémies ne sont peut-être pas loin.  Le pillage commence ainsi que les attaques des gens pour les dévaliser. Pendant les deux jours où nous avons circulé dans la ville on n’a peu vu la Minustah et encore moins la police haîtienne.
         Le gouvernement pour nous est inexistant.
         Maintenant que les forces internationales arrivent, les secours vont devenir plus efficace.  Cela fait mal de voir les gens devant l’immeuble effondré ; ils savent que des personnes sont sous les décombres, et peut être vivantes, et ils ne peuvent rien faire car il n’y a aucun matériel....
          En remontant la route de Kenscoff pour aller à Thomassaint 48, on a énormément de personnes qui montaient à pied car il y avait très peu de transports en commun. Ils voulaient se mettre à l’abri pour la nuit.
          Je m’arrête là pour ce soir car c’est dur de repenser à tout ce que nous avons vu.

Port-de-Paix, le 16 janvier 2010.

Maintenant je vais tenter de mieux présenter ce que j’ai  vécu et que je vis actuellement.

         Ce matin, j’ai « visité »  4 stations service à Port-de-Paix. Une seule a du carburant mais ne distribue pas parce qu’il y a beaucoup de monde et certains en viennent à se battre. Il va falloir économiser ce que nous avons (toute petite réserve).
          Au marché il n’y a pas précipitation sur les denrées. Les prix augmentent. 2kg 500 de lait  passent de 850 G à 1 000 G. Je ne sais quelle marchandise est passée de 15 gourdes à 100 gourdes. Le marché noir va se développer pour le carburant car celui-ci est vital.
         Port-de –Paix reste calme. Cependant cette nuit, vers minuit, des gens ont crié à l’alerte au tsunami ou je ne sais quelle catastrophe. Les gens sont donc sorties dans la rue. Personnellement je ne m’en suis pas rendu compte saut que j’ai entendu du bruit. Il y a une  peur bleue d’un nouveau tremblement.
         Parmi les gens aidés ici à Port-de-Paix, l’un ou l’autre peut jouer sur le tremblement de terre pour obtenir une aide supplémentaire. Il faut être attentif à découvrir ceux qui sont particulièrement dans le besoin. Ainsi quelqu’un esr venu me dire que sa maison est fissurée gravement. L’occasion est bonne pour attribuer au tremblement de terre ce qui existait sans doute avant....
        Nous nous préparons à venir en aide à des personnes vraiment démunies, suite à la catastrophe.
        Les familles de Port-au-Prince arrivent par la route. Les tap-taps, les autobus sont chargés largement au-delà des chargements habituels (qui sont déjà très poussés). Certains ont pu sauver une partie de leurs effets car les valises et les sacs débordent (heureusement). Les prix des autobus sont passé de 500 gourdes à 750 et même 900 gourdes. Quelqu’un qui n’a pas l’argent ne peut monter même si la famille peut payer à l’arrivée.

Je reviens sur la catastrophe.
         On parle surtout de Port-au-Prince mais les villes du Sud : Jacmel, les Cayes, Léogane, Croix-des-Bouquets, ..... ont été autant touchés. Il est à craindre que les premiers secours arrivant à l’aéroport oublient un peu toutes ces villes.
          En parlant avec les Haïtiens, on sent qu’ils souffrent que le gouvernement soit inexistant. On l’entend à peine, on ne voit pas le Président, le premier ministre, les ministres survivants, ... Ils comptent sur l’étranger pour les aider à s’en sortir. Beaucoup nous disent qu’ils souhaitent que l’international  prenne en main la reconstruction et que la capitale soit déplacée..
            Ce matin ce sont les obsèques ici, de certains sinon des 8 ou 9 montfortains écrasés dans minibus où ils venaient de monter à 16h53 ....dont le Maître des novices.
Aujourd’hui 16 janvier l’odeur doit être intolérable. Elle l’était déjà hier. Nous gardions les vitres fermées.
           Le pays est paralysé pour beaucoup de choses. Bien entendu toutes les banques de Port-de-Paix sont fermées, elles ne sont que des succursales. Comment va-t-on vivre la centralisation effrénée du pays. f. Cyprien est soucieux, les chèques de salaires des professeurs, pour le mois de décembre,  ne sont toujours  pas arrivés. Les familles ont des besoins et les haïtiens vivent au jour le jour. L’aide de la diaspora a déjà diminué d’un tiers...

Rappel de quelques édifices plus ou moins effondrés :
Sœurs de Cluny : chapelle et école primaire de Ste Rose (pas de victimes) – Maison du noviciat (pas de victimes) – Externat (3 religieuses blessées)  - Madeleine (alors que l’inauguration devait bientôt se faire) –
L’association « Aide et Partage Haïti » qui soutenait plusieurs œuvres des Sœurs de Cluny va continuer à apporter son soutien pour que les Sœurs puissent faire face à certains besoins des nécessiteux qui les entourent. Ce soutien va être intensifié en fonction des apports de France.
Frères de Ploermel : Maison provinciale (2 décès – un blessé) – St Louis de Gonzague – primaire – (il y aurait de nombreuses victimes) – St Louis de Gonzague – Secondaire – Maison des Frères effondrée ( pas de victimes)
Frères du Sacré-Cœur : Collège Canado-Haïtien – secondaire – technique (il y aurait des victimes) – école Saint-Jean l’Evangéliste (je ne sais rien au sujet des victimes).
Séminaires : Les deux sont effondrés avec de nombreuses victimes, certaines étant encore sous les décombres (on a parlé d’une quarantaine avec des vivants au soit du 14)
Sœurs de la Charité de St Yacinthe : maison centrale – noviciat – (pas de victimes)
Sœurs de la Sagesse : Collège du Sacré-Cœur (victimes ?) – Mariani (maison d’accueil et Maison de retraite) –  6 sœurs décédées dont 3 encore sous les décombres au soir du 14
Archevêché : des victimes dont l’archevêque Mgr Serge Miot
Villa Manrèse : avec des victimes parmi le personnel.
Eglises : Cathédrale – Sacré-Cœur – Saint Louis Roi de France -...

Ici je ne donne que ce que je sais. Sans doute y a-t-il d’autres institutions religieuses touchées.

Parmi les monuments officiels : d’abord le Palais Présidentiel, plusieurs ministères : affaires étrangères, finances, éducation, ..... Mairie de Port-au-Prince, poste,  direction des impôts,....
Parmi les officiels : ministres de la Justice et du Tourisme, deux sénateurs, ....
     Nous sommes loin de savoir tout.

       Je ne sais si les markets sont maintenant ouverts. Hier on a vu celui qui est à la Boule (proche de Tomassaint 48 où est le noviciat, ouvert. Les gens rentraient au compte goutte et ressortaient avec relativement peu. Il faut satisfaire ( !) le maximum de gens. Quand on descend, tout est fermé. On a seulement vu une distribution de repas (minimum) avant de rentrer sur la panaméricaine qui descend vers le centre ville et cela dans une belle discipline.
        Pendant les deux jours et demi où nous avons circulé dans la ville c’est tout ce que nous avons vu comme aide aux sinistrés. Qu’ont-ils mangé. Qu’ont-ils bu ?

       Comme vous le savez par les journaux télévisés : la violence commence ainsi que les pillages.
        De ce côté-là, le PIRE est à venir.

       Quelle va être la situation, même à Port-de-Paix ? La faim va pousser les gens à aller chercher l’argent là où elle est supposée être.
       Nous nous préparons à apporter de l’aide en achetant des produits qui se conservent comme riz, spaghettis. 

      Donc, pour nous aider, donnez de l’argent.

     Appel-Détresse dans son organigramme a prévu un conteneur pour janvier. Personnellement j’espère qu’il n’est pas encore parti parce qu’il sera sans doute dangereux d’aller le chercher à Port-au-Prince pour le ramener ici dans un mois. Il faut certainement attendre de voir comment la situation va évoluer. Nous sommes en plein inconnu.

Association Aide & Partage Haïti -    46, Canal Saint-Martin  35700 RENNES
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